Malgré l’adoption de textes visant à défendre les hommes de média dans l’exercice de leur métier, force est de remarquer que ceux-ci continuent à subir des violences dans l’exercice de leur profession. Dans le classement 2021 de Reporter sans Frontière (RSF) sur la liberté de la presse, sur 180 pays en lice, l’Algérie arrive à la 146e place. « Les poursuites judiciaires et les condamnations de journalistes pour des publications portant “atteinte à l’unité nationale” ou “atteinte à l’ordre public et à la sûreté de l’État” sont récurrentes », indique RSF dans son classement.
« Dénigrer le dogme ou les préceptes de l’Islam »
Dans ce pays de l’Afrique du Nord, les pressions handicapent le travail des journalistes et des médias, précise-t-on. « Un durcissement visible de la répression envers toutes les voix dissidentes est à l’œuvre alors que les citoyens algériens ne cessent de revendiquer davantage de libertés », souligne la même source.
Selon Amnesty International, la condamnation de Said Djabelkheir, en raison de commentaires qu’il a publiés sur Facebook, constitue un revers inquiétant pour les défenseurs de la liberté d’expression en Algérie.
En janvier 2020, M. Djabelkheir aurait publié, sur le réseau social Facebook, trois textes dans lesquels il aurait établi des parallèles entre les célébrations de l’Aid El Adha et celles du Nouvel An berbère ; qualifié de « mythes » certains passages du Coran ; et déclaré qu’il considérait que certains hadiths étaient « apocryphes ».
Suite à ces propos considérés comme attaque contre l’Islam, le tribunal de première instance de Sidi Mhamed l’a déclaré, jeudi dernier, coupable d’avoir « offensé le prophète » et « dénigrer le dogme ou les préceptes de l’Islam ».
Une « violation flagrante des droits à la liberté d’expression »
« Il est choquant que Said Djabelkheir risque de passer trois ans en prison pour avoir simplement exprimé son opinion sur des textes religieux », déplore Amna Guellali, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International. Et de préciser : « Sanctionner une personne pour son analyse des doctrines religieuses est une violation flagrante des droits à la liberté d’expression et à la liberté de conviction, même si les commentaires en question sont considérés comme offensants par certains ».
Amnesty International demande l’annulation de la « déclaration de culpabilité de Said Djabelkheir ». « Toutes les dispositions du Code pénal algérien érigeant en infraction les droits à la liberté d’expression, d’opinion ou de conviction doivent être abrogées de toute urgence », indique Amna Guellali.
En raison de ses opinions exprimées dans de commentaires publiés sur Facebook, Said Djabelkheir est, depuis longtemps, victime de harcèlement en ligne et hors ligne, indique Amnesty International. En 2007, date à laquelle il aurait rejoint la plateforme, M. Djabelkheir aurait déclaré à Amnesty International, la réception de nombreuses menaces de mort sur Facebook.
Bakary Fomba
Source: saheltribune